Le colonialisme monétaire est un concept sournois appartenant au paysage géopolitique contemporain. Il incarne une forme insidieuse d’ingérence politique. Bien que moins visible que les formes traditionnelles de colonialisme, il exerce une influence profonde sur la souveraineté économique et politique des Nations. Les dangers inhérents au colonialisme monétaire sont enormes. Sans oublier leurs conséquences néfastes pour les pays qui renoncent à imprimer leur propre monnaie et se retrouvent ainsi à la merci des puissances monétaires étrangères.
Le colonialisme monétaire se manifeste par la dépendance économique croissante des pays qui adoptent une monnaie étrangère comme leur propre moyen de transaction. En renonçant à leur droit de battre monnaie, ces Nations se trouvent contraintes de s’aligner sur les politiques monétaires de la puissance étrangère émettrice. Ce qui limite leur marge de manœuvre économique. Ce phénomène engendre ce qu’on appelle une subjugation économique. Les décisions cruciales sont prises à l’extérieur des frontières concernées.
La perte de contrôle sur la monnaie nationale entraîne également des implications politiques profondes. Les pays sous l’emprise du colonialisme monétaire perdent leur capacité à ajuster leur politique monétaire en fonction de leurs propres besoins et objectifs économiques. Cette perte d’autonomie politique fragilise leur position sur la scène internationale. Cette situation rend, ainsi, ces pays vulnérables à l’influence des puissances monétaires dominantes.
Le recours à une monnaie étrangère peut initialement sembler une décision rationnelle pour garantir la stabilité économique. Cependant, cette stabilité peut être trompeuse, car elle dépend entièrement de la politique monétaire de la Nation étrangère. Les fluctuations économiques de cette dernière peuvent avoir des répercussions désastreuses sur l’économie du pays sous domination monétaire.
Le colonialisme monétaire perpétue une inégalité structurelle entre les puissances monétaires et les pays subordonnés. Les avantages économiques s’accumulent du côté de la puissance étrangère, tandis que les Nations sous influence perdent la possibilité de stimuler leur propre croissance et de réduire les inégalités internes.
Plusieurs auteurs et économistes ont examiné les dangers du colonialisme monétaire et ont plaidé en faveur de la souveraineté monétaire. Parmi les ouvrages les plus remarquables, on peut citer « La Stratégie du Choc » de Naomi Klein, qui explore comment les crises économiques sont exploitées pour imposer des politiques monétaires étrangères. « Confessions of an Economic Hitman » de John Perkins offre un aperçu saisissant de la manière dont les institutions financières internationales exercent une influence sur les politiques économiques des pays en développement. Ce qu’il faut retenir, c’est que le colonialisme monétaire, bien que moins visible que d’autres formes de domination, représente une menace significative pour l’autonomie politique et économique de nos Nations. Les pays qui renoncent à leur souveraineté monétaire risquent de se retrouver enchaînés aux décisions des puissances monétaires étrangères. Perdant, ainsi, leur capacité à façonner leur propre destin. La lutte pour la souveraineté monétaire émerge comme un enjeu vital dans un monde, de plus en plus, interconnecté et complexe.Les billets de la liberté africaine doivent s’imprimer avec l’encre de l’indépendance monétaire.L
La contribution de Souleymane Boel écrivain et acteur