Les arènes politiques sont souvent le théâtre de batailles verbales, mais certaines dépassent les limites de la décence pour s’engager dans une diabolisation sans précédent. Le récent texte de Seydina Omar Ba expose de manière poignante les enjeux entourant les accusations dirigées contre Ousmane Sonko et soulève des interrogations fondamentales sur la nature de la politique au Sénégal.
L’accusation de financement étranger, souvent brandie comme une arme politique, semble ici un prétexte fragilisé par les réalités sociologiques et historiques du pays. Le Sénégal, société sous perfusion étrangère depuis les indépendances, voit ses flux financiers provenir de divers horizons. Les accusations de provenance douteuse de fonds étrangers devraient être traitées avec discernement, surtout dans un contexte où l’argent du contribuable lui-même peut être entaché d’illicéité lorsqu’il finance des activités partisanes.
Le texte pointe également du doigt d’autres figures politiques, telles que Karim Wade, soulignant la nécessité d’appliquer la même loupe scrutatrice à toutes les sources de financement. Les investissements immobiliers déconnectés des revenus déclarés et les modes de vie luxueux de certains acteurs politiques appellent inévitablement à des questions sur l’origine de leur fortune. La transparence financière devrait être la norme pour garantir l’intégrité des acteurs politiques et maintenir la confiance du public.
Cependant, l’accusation la plus grave, mentionnée dans le texte de Ba, concerne la prétendue remise de fonds qataris à la communauté mouride en vue d’influencer les élections. Cela va au-delà d’une simple diabolisation d’un individu pour toucher toute une communauté. Accuser une communauté respectée et digne telle que les mourides de corruption pure et simple est une démarche non seulement irresponsable mais aussi potentiellement dangereuse pour la cohésion sociale.
En fin de compte, les tentatives de salir un homme politique peuvent se transformer en une insulte à l’égard d’une communauté tout entière. Les acteurs politiques doivent être conscients des répercussions de leurs accusations, car la diabolisation, lorsqu’elle atteint des dimensions communautaires, risque de laisser des cicatrices profondes dans le tissu social.
Dans cette période cruciale où la crédibilité des acteurs politiques est mise à l’épreuve, la transparence, l’intégrité et la responsabilité devraient être les piliers sur lesquels repose la démocratie sénégalaise. Les citoyens méritent un débat politique éclairé, loin des artifices de la diabolisation, afin de pouvoir faire des choix informés pour l’avenir de leur nation.