Le silence n’est pas une option

Lorsqu’un ancien Premier ministre, ancien ministre du Budget du Sénégal et Ancien Président de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) interpelle, par un écrit rendu public, le Président de la République auquel il avait succédé à la Primature, la moindre des choses serait d’attendre une réponse circonstanciée de l’illustre destinataire de cette missive !

Cette exigence citoyenne minimale devrait calmer les ardeurs des répondeurs automatiques qui commencent à se répandre en commentaires désobligeants sur l’auteur de la lettre. Au lieu de rester à l’écoute de la réponse qui devrait lui être servie. Les questions posées par le Président Cheikhe Hajibou Soumare sont claires. Elles attendent des réponses précises. Dans la forme, la lettre respecte les termes et les égards dus au Président de la République. L’auteur a la stature, la légitimité et la responsabilité, d’interpeller sur ces questions, le Chef d’un État qu’il a servi au plus haut niveau. Rien ne justifie qu’un silence, plutôt assourdissant, lui soit opposé. Encore moins des réponses de niveau ministériel qui tendent à botter en touche. Non ! Le sujet est trop sérieux pour être traité à un certain niveau…

Paradoxalement, il y a des silences plutôt bavards… La personnalité politique française citée nommément dans le courrier du Président Soumare devrait, notamment, activer sa cellule de communication pour opposer un démenti aux sous-entendus qui la mettent en cause. Figure de plus en plus marquante de l’opposition française, Marine Le Pen a un besoin pressant de consolider l’image que lui confère la dédicace si généreuse du Président Macky Sall qui lui tresse des lauriers en ces termes « … votre vision pour un nouveau partenariat entre la France et le Sénégal » a écrit le Chef de l’État. Quelle vision ? Quel partenariat ? La signature de notre Président de La République mériterait de consacrer des vérités historiques : Jusqu’à plus ample information, la vision de Marine Le Pen s’arrêtait à la fermeture des portes de la France à l’immigration et le rapatriement des « sans-papiers » dans leurs pays d’origine. Je n’ai pas connaissance de sa « vision des relations entre la France et le Sénégal ».

Suivant en cela les traces de son père Jean-Marie, Marine déjà empêtrée, selon la presse française, dans un ou plusieurs emprunts russes pour financer sa campagne électorale, semble trouver le chemin des Palais africains pour se refaire une santé ! Omar Bongo avait généreusement reçu le patron du Front national le 14 avril 1987… Malgré l’aversion de ce dernier pour sa race et ses congénères… Mais c’est bien connu « l’argent n’a pas d’odeur… »

En un mot, comme en mille, la lettre du Président Cheikhe Hajibou Soumare au Président Macky Sall mérite une réponse dans les mêmes termes : courtoisie, clarté et précision, au nom de la République !

Est-ce trop demander ?

PS : au moment où j’allais poster mon billet, j’apprends que le Président Cheikhe Hajibou SOUMARE serait convoqué par la police… Étrange pays où les égards s’effritent. Pour quelques questions posées, de la manière la plus courtoise et la plus respectueuse possible, se faire convoquer par la police me semble disproportionné. Il suffisait juste de répondre ! Tout simplement. A moins que…

Amadou Tidiane WONE

Ancien ministre de la Culture du Sénégal et ancien ambassadeur.

Écrivain et panafricaniste.

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