Monsieur le Président de la République,
Permettez-moi de vous adresser ces mots avec tout le respect dû à votre fonction, mais également avec la fermeté que commande la gravité du moment.
Il y a à peine quelques mois, le peuple sénégalais, dans un élan historique et inédit, a choisi de tourner le dos à l’injustice, à la persécution politique, à la confiscation des libertés, pour confier les rênes du pays à ceux qui, durant des années, ont souffert, résisté, dénoncé, et rêvé pour le Sénégal. Parmi eux, Ousmane SONKO, figure centrale de cette lutte, a été, et demeure, l’incarnation du sacrifice, de la résilience et du patriotisme.
Pendant plus d’une décennie, il a été traqué, diffamé, emprisonné, radié de la fonction publique, et même privé de ses droits civiques et politiques. À chaque étape, il aurait pu céder, renoncer, ou même fuir. Mais il a choisi de rester debout, de se battre, non pour des ambitions personnelles, mais pour une idée du Sénégal : un pays juste, souverain, prospère et respectueux de ses enfants.
Aujourd’hui, ironie du sort, alors qu’il occupe la fonction éminente de Premier ministre, chef de l’administration sénégalaise, il continue d’être la cible d’insultes, de calomnies et de diffamation, souvent par ceux-là mêmes qui ont contribué à son supplice d’hier. Des plateaux de télévision aux réseaux sociaux, une campagne de dénigrement continue s’abat sur lui, dans un climat d’impunité déroutant.
Cela est inacceptable.
Monsieur le Président, ce n’est pas simplement Ousmane Sonko que l’on attaque : c’est l’institution qu’il représente, c’est la dignité d’un combat populaire, c’est la mémoire des martyrs de cette lutte, jeunes et moins jeunes, tombés sous les balles, emprisonnés, ou exilés pour avoir rêvé d’un Sénégal meilleur.
Le peuple sénégalais n’a pas voté pour que les mêmes injustices se perpétuent sous une nouvelle gouvernance. Il a voté pour que justice soit faite, pour que la vérité triomphe, pour que le mérite soit reconnu, pour que ceux qui ont combattu l’oppression ne soient plus jamais opprimés.
Votre responsabilité, Monsieur le Président, est immense. Vous êtes le garant de l’unité nationale, de la stabilité institutionnelle, mais aussi de la justice. Le pouvoir présidentiel, que vous incarnez, ne doit pas rester spectateur quand un Premier ministre est systématiquement attaqué. Vous avez entre vos mains l’instrument du décret présidentiel, et donc le pouvoir d’agir. Il ne s’agit pas de vengeance. Il s’agit d’autorité, de justice, de respect des institutions et de l’engagement pris envers le peuple.
La responsabilité incombe également au ministre de la Justice, au procureur de la République, à tous ceux qui sont chargés de faire respecter la loi et de protéger la République contre les dérives, d’où qu’elles viennent.
Il est temps, Monsieur le Président, de siffler la fin de la récréation.
Le “Diomaye moy Sonko” ne doit pas être un simple slogan, une formule creuse répétée dans les discours. Il doit être un acte politique fort, tangible, cohérent. Cela suppose d’assumer, sans ambiguïté, la continuité entre vos deux parcours, vos deux combats, et vos deux responsabilités.
Ousmane Sonko a déjà payé le prix fort. Il ne peut continuer à crier à l’injustice dans un pays qu’il a contribué à libérer des griffes de l’arbitraire. Il ne peut rester une cible permanente alors même qu’il agit au service de l’État.
L’histoire vous regarde. Le peuple vous regarde. Et ceux qui ont voté pour vous ne cesseront jamais de vous le rappeler : vous êtes responsable devant eux, devant la mémoire des victimes, et devant la postérité.
Faites cesser l’inacceptable. Protégez ceux qui ont tout donné. Honorez vos promesses. Et que la justice devienne enfin une réalité pour tous.
Lou eup tourou nak. Att gno gui artou sonou nagn deh.
L’éternel Patriote