Pouvoir et troisième candidature illégitime et illégale : Quand la mouvance finissante joue son va-tout.
« Boire le calice jusqu’ à la lie » peut être expression n’a trouvé aussi parfaite illustration dans un contexte triste de la politique sénégalaise parsemée de brimades embastillements, reniements et des restrictions des libertés les plus austères, bref d ‘un pire gangstérisme D’Etat.
Promu à la tête de la strate présidentielle, avec emphase, en 2012, le président politicien, pour reprendre le doyen Mody Niang, avait déclarait orbi et urbi que le septennat ne serait pas de mise durant son premier mandat. Mais, hélas, il s’est rabattu sur ses juges constitutionnels dociles pour ravaler sa ferme intention d’antan de réduire le mandat de 07 à 05 ans. La meilleure voie n’était – elle pour le président de soumettre sa volonté au peuple souverain, par voie référendaire, comme l’autorise l’article 103. Cette option nous semble plus conforme aux standards démocratiques. C’est un défi à la raison d’avancer que le président ne peut pas réduire son mandat en cours. Tout ceci montre avec suffisance l’urgence qui sied de reformer ce conseil constitutionnel toujours minimaliste dans l’interprétation de son champ de compétences. Le conseil constitutionnel Sénégalais gagnerait à vivre dans le miroir des juges constitutionnels sud- africains, Béninois et Français dans une certaine mesure, qui sont de véritables juges de la légalité et non juges des désires du prince. Ce disant, la réponse flamboyante du juge constitutionnel nigérien Fatoumata Issoufou Bazé au président Tandian, à propos d’une réforme constitutionnelle, a séduit plus d’un. Ce juge, à l’image de Robert Badinter, ancien président du conseil constitutionnel français, met en bandoulière le respect de la légalité républicaine au frontispice de la haute juridiction constitutionnelle.
Ce faisant, la violation du célèbre adage « Pacte sunt servada » (le respect de la parole donnée) par le président politicien est devenue une monnaie courante durant sa mandature finissante. Le mandat de trop qui lui tente, pour paraphraser Felwin Sarr, allonge la liste macabre de revirements, sans scrupules, indignes d’un président. Ce dernier et son gouvernement de slogans ont renchéri honteusement le lexique politico- constitutionnel de nouveau concept de second quinquennat. Ce disant, tout observateur averti ne peut résister à la tentation de prêter au régime moribond la volonté de briguer une troisième candidature illégitime et illégale, sous coup de la force. Illégitime par ce que le peuple a lancé un signal fort lors des précédentes joutes électorales. Illégale car la charte fondamentale est claire comme l’eau de roche. L’articulation de l’article 27, Il n’y a pas mieux. En posant que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs, le constituant vise la personne détentrice de la confiance populaire. Qui plus est, il n’est pas superfétatoire de lever l’équivoque de l’imbrication de la durée et du mandat savamment installée par les pros- second quinquennat. Ces deux notions ne forment pas un bloc monolithique. Pour s’en convaincre, il faut incruster la décision du conseil constitutionnel de 2016 sur la réduction du mandat. Selon le juge « le conseil a statué sur la durée du mandat ». Même les enfants des établissements péri -scolaires savent que la durée et la nature du mandat sont deux mondes différents. Vouloir associer les deux, relève d’une mauvaise foi déconcertante et une insulte à la science constitutionnelle.
Mieux, l’armature du juge n’est pas dépourvue de mécanismes pouvant motiver sa décision de rejet en cas d’éventuelle candidature. L’esprit de la réforme en est un. Arrivé au pouvoir dans des conditions particulièrement dégradantes, le président sonna son gouvernement de préparer un projet de réforme constitutionnelle pour mettre un terme sur le coup -d’État constitutionnel du président Wade, sans succès, grâce à la résistance sans faille du vaillant peuple sénégalais. Ce président actuel et ses acolytes doivent savoir que ce même peuple, toujours dévoué pour la bonne cause, est toujours intact et ne lésinera sur aucun moyen pour défendre la démocratie et l’État de droit. Ce que le pape du Sopi n’a pas eu, ce serait une hérésie de penser que cet apprenti dictateur peut le réussir. Compte tenu de ce qui précède, les juges constitutionnels, garants de la stabilité des institutions, doivent savoir, non seulement, que ce pays, vitrine de la démocratie avant, cassée à jamais en concassant la vitrine de la voiture du leader de l’opposition, est la risée du monde, mais tous les projecteurs sont braqués dans son prétoire. Leur responsabilité historique est interpelée. Seul le pourquoi de la réforme de 2016 suffit pour enterrer toute velléité de troisième candidature.
Aux juges, prenez votre courage en deux mais et dire le droit rien que le droit ; car le monde entier vous regarde. Soyez des juges du peuple pas des juges du monarque.
Mansour Ndiaye, citoyen patriote, désireux d’une république juste.
Saint louis, le 05 mars 2023.
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