Un Chef s’assume malgré les crimes  commis !

Dans une récente sortie médiatique, la première depuis le report « forcé » de la présidentielle du 25 février, Macky Sall fait part de ses inquiétudes pour la survie de la Nation. Surprenant. Sans être un chantre de la chasse aux sorcières. Mais quand on a gouverné par l’épée partisane et clanique, comment ne pas s’attendre au retour du bâton en cas de perte du pouvoir. 

M. Le Président, de quoi avez-vous peur ? Un homme. Un vrai. Un guerrier. Surtout un Chef d’État, il s’assume malgré les crimes commis. Avec votre code d’honneur, rien ou presque ne devrait vous ébranler. Ni la perte du pouvoir ni les lendemains sombres loin de la garde républicaine à côté de qui vous vous sentiez en sécurité plus que personne à travers le pays. Si on a bien travaillé. Si on a mis les intérêts de la Nation au cœur de sa gestion républicaine. La peur, on la met de côté. Nelson Mandela a vécu paisiblement en Afrique du Sud. Idem pour Rawlings du Ghana. Jusqu’à leur mort, ils n’ont pas été inquiétés. Diantre. Pourquoi penser que votre perte du pouvoir sera un hécatombe pour vous et vos lieutenants. Pourtant, votre prédécesseur direct vit dans ce pays. Me Abdoulaye Wade est bien à Dakar. Il n’est pas inquiété. Pourquoi pensez-vous alors que la suite sera catastrophique pour vous. Qu’avez-vous fait contre le peuple. Quel péché mignon avez-vous commis. A vous de répondre… 

M. Le Président, vous n’avez pas à vous inquiéter. Les Sénégalais savent remonter la pente quand l’intérêt général est en jeu. Quand le combat doit être unique. Comme c’est le cas actuellement avec les vagues de réclamations pour votre départ du pouvoir selon le calendrier républicain. Le 2 avril prochain. Comme ce fut le cas avec votre prédécesseur, Me Abdoulaye Wade.

M. Le Président, sans vous offenser, mais vous ne pouvez pas laisser un pays dans la paix. Un pays paisible. Prospère où coulent le lait et le miel. Vous n’avez pas travaillé pour ça. Depuis 2021, des Sénégalaises et Sénégalais sont morts. Sans enquête. Malgré les procès d’intention de votre régime. De jeunes mamans ont accouché dans les prisons. Des pères de famille éloignés de leurs enfants et épouses. Des familles disloquées. De peur d’être la cible de votre police civile, des centaines voire des milliers de jeunes ont quitté ce pays pour finir dans le ventre l’Atlantique. Des mères de familles ont abandonné leurs enfants. Mourantes, celles qui ont eu de la chance ont bénéficié de liberté provisoire. Telle Maimouna Dièye. Pendant ce temps, Amy Ndiaye et d’autres croupissent en prison depuis plus d’un (1) an. 

M. Le Président, ce pays que vous avez gouverné pendant 12 ans, est divisé. Vous le savez si bien. C’est une lapalissade. Et c’est le fruit de votre gouvernance partisane. Insoupçonnée avant votre arrivée au pouvoir. Les Sénégalaises et Sénégalais avaient beaucoup d’espoir sur vous. Hélas. Trois fois hélas. Ils se sont réveillés quand, aux quatre coins de leur lit, ils se sont rendus compte que les fruits ne sont pas à la hauteur des fleurs. Vous aviez l’occasion. Mais vous ne l’avez pas saisie. Et voilà. Depuis votre réélection contestée au premier tour en 2019 et prédite par votre ancien Premier ministre (Pm) Mahammad Boun Abdallah Dionne aujourd’hui plus ou moins du côté de l’opposition, une bonne franche de la population a commencé à douter de vos intentions réelles pour le Sénégal. 

M. Le Président, pour la première fois, je vois un chef d’État sortant prédire un coup d’État militaire contre son pouvoir finissant. Quelle hérésie. Quelle insulte au peuple sénégalais. Quel manque de considération à un pays qui vous a tout donné. 

Officiers supérieurs. Officiers. Sous Officiers. Militaires de rang. Vous ne devez pas suivre un chef à l’agonie. Mourant. Il ne sait plus ce qu’il  dit et fait. Sa page est tournée. Vous. Vous êtes des républicains. Et vous avez une culture militaire républicaine. Jamais, dans l’histoire de ce pays, vous êtes immiscés à la chose politique. Pas maintenant alors. A partir du 2 avril, officiellement, Macky Sall ne sera plus votre chef supérieur. Ne gâchez pas votre réputation !

Gaston MANSALY

Journaliste